Categorie: OPINIONS

Qu’est-ce qu’il y a de plus simplement normal pour une gouvernance que de vouloir moraliser le fonctionnement de l’État ?  En créant une juridiction spéciale pour matérialiser cet élan, le CNRD (l'actuelle junte au pouvoir) se démarque très nettement des anciens régimes qui, eux, ont mis tout leur temps à passer en boucle le refrain des audites, ou d’ailleurs à être submergés par des calculs politiciens sur fond de sensibilités à préserver d’écorcheries.

Dans un pays à une pratique monotone et caduque de la radio ; à un style audiovisuel médiéval, un homme a décidé de tout changer, tout ! Il y a quinze ans donc, Lamine Guirassy lançait son média pour une révolution d'une allure inédite. Et depuis quinze (et sûrement pour toujours), l'homme règne en maitre, laissant son ombre de professionnel engloutir les agitations minuscules qui germent désespérément dans le domaine. Comment fait-il ?

Avec un peu d'objectivité, les analyses doivent concorder sur une évidence : il n'y a pas d'autel plus sanglant pour la cohésion sociale comme le système politique guinéen. Il n'est absolument pas d'énergies plus nocives que la politique guinéenne dans le mécanisme d'ensevelissement de l'unité nationale. Je l'ai certes dit des centaines de fois, mais je le réitère : l'organisation et la disposition des formations politiques de mon pays présagent un imminent danger social. Pour une énième fois, j'appelle d'urgence à une réforme.

Coup de massue à Conakry et le ciel tombe sur tout le pays ! C'est un événement que même les plus loyaux et farouches soutiens de l'ancien président n'auraient jamais attendu sitôt. Et pourtant, dans un communiqué lu dans la nuit de ce vendredi 22 avril à la à télévision nationale, les autorités de la transition ont brisé la glace en annonçant la libération d'Alpha Condé.

« Faire le sale boulot », cette formule récente du Colonel-président pourrait bien faire ses preuves dans ce projet d’édification d’un nouveau paysage politique dépourvu de futilités et de duplicités. Pour ce faire, que les autorités de la transition prennent la responsabilité historique de réorganiser l’échiquier politique du pays. Il faut profiter de cette transition pour impulser cette mutation profonde.

A un moment donné, chaque pouvoir pose son acte de trop. C’est-à-dire commettre la dernière grosse faute qui précipite sa chute. Le CNRD aurait-il posé le sien ? En tout cas, en limogeant le procureur général près la Cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, présenté comme le plus intègre et le plus incorruptible des magistrats du pays  ̶  il a fait ses preuves face à la dictature d’Alpha Condé  ̶ , la junte guinéenne renie en bloc tous les engagements qui ont fait ses premiers discours officiels, notamment la rengaine « La justice sera boussole… »

J’ai mis du temps à comprendre que, comme les régimes qui l’ont précédé, le CNRD a eu le courage saillant de placer les crimes humains dans la corbeille de l’oubli et de l’indifférence.

Spécialisée depuis des décennies en campagnes politiques folkloriques, nourrie depuis belles lurettes de paresse et de facilité, connue pour son génie à jouer les djélis des commis des pouvoirs centraux, la jeunesse guinéenne doit et devrait se taire devant des situations aussi sérieuses qu’une transition politique.

Après dix ans à la tête de la Guinée, l'heure est au rappel du bilan d'un président qui aura toujours été dans une posture d'opposant : Alpha Condé. Que peut-on retenir de son passage allongé puis écouté au trône de Sekhoutouréyah ? Un Guinéen anonyme s'exprime.

Dans la rubrique "Un jour, un livre" de la matinale estivale (le 6-9) d'Espace TV Guinée, je vous fais le résumé d'un bouquin. En ce vendredi 23 juillet 2021, je vous parle du premier roman de l'écrivain guinéen Camara Laye, L'enfant noir (1953). Le mystérieux et doux périple d'un enfant africain.