« Ce que je ne pardonnerai pas à Alpha Condé » : un Guinéen anonyme parle

Après dix ans à la tête de la Guinée, l’heure est au rappel du bilan d’un président qui aura toujours été dans une posture d’opposant. Alpha Condé, au-delà de la grande proportion de regards négatifs sur sa gestion, que peut-on retenir de son passage allongé puis écouté au trône de Sekhoutouréyah ? Un Guinéen anonyme s’exprime…

Plus de deux semaines maintenant que mon rêve ou mon cauchemar dure. Je sais que j’ai vu, dans mon illusion, le président Alpha Condé, celui qu’on appelait à tort « Professeur », se faire éjecter du Kibanyi (trône) de Sekhoutouréyah dont il avait d’ailleurs sordidement eu l’accès. Même dans mon rêve, j’ai eu du mal à croire que le problème guinéen le plus préoccupant de la dernière décennie se volatilisait ainsi, comme pour dire que même Dieu avait compris la nuisibilité du danger Condé.

Alpha Condé, quel personnage cauchemardesque !

Monsieur Condé, faut-il le rappeler, a toujours pris ses distances des régimes qui l’ont précédé en Guinée. La Révolution de Sékou Touré et le Koudaisme de Lansana Conté se sont toujours retrouvés dans sa ligne de mire. L’homme a puisé sa popularité politique dans sa constance et dans l’espoir de rupture qu’il a suscité au sein de l’opinion. On ne pouvait pas entrevoir, à travers son parcours intellectuel et son militantisme, une intention de souiller la Guinée, une fois qu’il en aurait les moyens.

Le Sorbonnard (s’il l’a vraiment été) a trompé le monde ; il a trompé le peuple de Guinée. On l’a vu comme l’albatros dans les airs… En 2010, au terme de l’élection qui devait mettre un terme à la transition du CNDD de Moussa Dadis Camara, en dépit de la flagrance de la fraude, les Guinéens (même ceux qui ont perdu) avaient accordé des circonstances atténuantes à son élection, vu l’espoir qu’il incarnait et surtout vu sa distance avec le système Condé. Les Guinéens lui ont alors laissé leur pays, et il leur a montré son vrai visage : despote, dictateur, cynique, antidémocratique, homme de gauche déboussolé… La gouvernance Condé aura été une malédiction pour un peuple vaillant dans la soumission.

Je ne pardonnerai jamais à Alpha Condé

Mon enfance a été bercée par des récits des parents sur la cruauté qui fut celle de Sékou Touré. Mon adolescence s’est heurtée à un pouvoir militaire. J’ai vu l’horreur étatique, je l’ai même vécue parfois. Et lorsque s’est annoncé le début de l’âge majeur chez moi, il s’agissait d’aller au vote. Mon premier vote devait intervenir en 2010. Mais j’ai refusé d’aller voter pour protester contre l’application outrageusement ethnique de la politique guinéenne.

Au bout de dix ans de gouvernance, Alpha Condé a ramené le pays au Moyen Age. D’une arrogance notoire, il a rabaissé les Guinéens. D’une médiocrité monumentale, il a construit une monarchie absolue. D’un cœur sadique, il a institutionalisé la répression.

Je ne pardonnerai jamais à Alpha Condé d’avoir brisé mon rêve de voir l’alternance politique se faire joyeusement en Guinée. Je ne lui pardonnerai jamais son art noir de divisionniste. Jamais la nation guinéenne n’a été divisée plus que sous son règne. Il était animé d’une haine ; une haine tribale. Je ne pardonnerai jamais à Alpha Condé toutes les injures contre le peuple de Guinée. Je ne lui pardonne pas ses crimes humains et économiques. Je ne lui pardonne pas son insolence ; sa rapacité ; sa duplicité…

Doumbouya, le messie

Louanges à Dieu ! Celui qui a compris et entendu les jérémiades de mon peuple sous le bâton de fer d’un dirigeant satanique. Merci, Seigneur, de nous envoyer la paix en renvoyant Alpha Condé, synonyme de peines. Merci de nous avoir envoyé Doumbouya. Par ricochets, condamner le coup de force de l’envoyé de Dieu, c’est supposer que le peuple de Guinée ne méritait pas la libération. La négation d’une négation est positive. Le coup d’Etat contre un coup d’Etat est salutaire. C’est un élément équilibrateur !