[Fiche lecture] Un jour, peut-être, je réussirai à percer le mystère Proust, l’imperméable
Après avoir vécu une odyssée pour traverser Les Misérables de Victor Hugo, je pensais que je n’aurais plus affaire à des murailles littéraires aussi rudes. Mais c’était sans compter sur un autre « fou » qui, par son œuvre gargantuesque, continue d’assommer la communauté littéraire, un siècle après sa disparition. J’espère que j’aurai, un de ces jours, l’intelligence, l’énergie mais surtout le temps d’explorer A la recherche du temps perdu, ce «chef-d’œuvre inégalé du 20e siècle» . Ah Marcel, je veux aussi devenir Proustien !

A la recherche du temps perdu
Voilà, à propos, ce que j’ai lu sur le site www.marcel-proust.fr
est probablement le plus connu et le plus important travail de l’écrivain français Marcel Proust , appelé L’oeuvre cathédrale . Le plus long roman du monde selon le livre Guinness des records – 9 609 000 caractères, écrits sur 3 724 pages – a été publié en sept volumes entre 1913 et 1927.
La Recherche est un ouvrage imposant qui, cependant, implique avant tout un propos philosophique très complexe: comprendre de quoi se compose le temps pour tenter de lui échapper.
Trois des sept volumes ont été publiés à titre posthume à travers des notes que l’auteur lui-même avait laissées dans ses écrits.
À LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU, DE LA STRUCTURE
Le roman se compose de sept volumes , répartis comme suit:
Du côté de chez Swann (1913). Le premier livre raconte l’enfance de Proust à Combray, décrivant les relations psychologiques avec sa mère, avec ses premières lectures intellectuelles et avec les habitants du pays. La deuxième section s’ouvre alors, où les membres de la famille Swann entrent en scène. Nous introduisons ici le thème de la recherche de l’ intérieur de l’auteur et de l’attention portée aux détails de son passé. La deuxième section est consacrée à Charles Swann et à son amour pour Odette de Crècy.
À l’ombre des jeunes filles fleuries (1919). Ce volume parle du transfert de Marcel de Combray à Paris. Ici, il rencontre son ami Charles Swann et sa femme Odette. Le livre parle aussi de sa chute amoureuse de Gilberte, fille de Mme Swann, et, par la suite, suite à un séjour chez sa grand-mère en Normandie, de celle d’Albertine, une adolescente parmi d’autres filles «épanouies».
Le Côté de Guermantes (1921). Marcel va voir Berma, une actrice dont il est amoureux, à une pièce de théâtre. Cependant, alors que l’amour pour elle s’estompe progressivement, l’amour pour la duchesse Madame Guermantes s’allume à la place. Marcel commence à passer du temps avec la famille noble dans le club du baron Charlus, tandis que la maladie de sa grand-mère s’aggrave. A la mort de ce dernier, Marcel rencontre à nouveau Albertine et tombe amoureux d’elle, alors qu’il découvre que le baron Charlus est homosexuel.
Sodome et Gomorrhe (1922). Deux relations binaires se déroulent dans le roman: l’une entre Marcel et Albertine et l’autre entre le baron Charlus et un jeune violoniste. Il parle également du soupçon que Marcel a à l’égard d’une trahison d’Albertine et de la certitude que cela s’est produit avec une femme noble.
Le prisonnier (1923). Marcel veut pardonner à Albertine et ils partent vivre ensemble. Mais la jalousie revient, au point que Marcel va enfermer son amant dans la maison l’empêchant de sortir. Albertine parvient à s’échapper en laissant une lettre à Marcel.
Albertine disparu (1925) . Si au début Marcel n’exprime pas de regret pour ce qui s’est passé, plus tard, il souffre infiniment. Marcel tombera dans une profonde dépression lorsqu’il découvrira que son ancienne chérie a eu un accident et est décédée en tombant de cheval. Plus tard, il rencontrera par hasard Gilberte Swann, dont il retombe amoureux, mais qui est fiancée au neveu du baron Charlus. A la fin de l’histoire, cependant, Marcel découvrira que ce dernier est également homosexuel.
Le temps retrouvé (1927). Pendant la Première Guerre mondiale, Marcel se rend compte que le temps passe inexorablement et revient à Paris, le trouvant différent de ce qu’il avait connu à la Belle Époque. Il devient un visiteur fréquent de la maison de Gilberte et pour une dernière fois il décide de se rendre à une réunion dans le salon de la famille Guermantes. Ici, il expose des réflexions importantes sur le passage du temps, déclarant son intention de les écrire dans un livre.
Cela dit, je vous dis tout de suite : je n’ai pas encore eu le mérite de voir la dernière page de n’importe quel volume de l’immense œuvre A la recherche du temps perdu. J’ai un exemplaire (papier) de Du côté de chez Swann et les autres volumes de l’aventure sont dans mon ordinateur en fichier PDF.
Proust, désormais une obsession
Le monde a applaudi l’exploit de Edmund Hillary et Tenzing Norgay, les premiers hommes à marcher sur la plus haute montagne du monde, l’Everest (8848 mètres d’altitude), en 1953 ; et célébré Apollo 11 avec Armstrong pour la première visite de l’homme sur la lune, en 1969. Moi je n’ai encore mis aucune fusée en orbite autour de la planète proustienne, mais je veux bien que mon égo me célèbre un jour, lorsque je verrai enfin le fameux point final qui me signalerait mon arrivée au terminus de l’aventure romanesque la plus folle du 20e siècle. Pour moi, c’est devenu une affaire personnelle ! Pour relever ce défi, il faut déjà que je franchisse le premier barrage, pas des moindres.
Et sous cette publication, mon professeur de Narratologie et de Sémiotique en fac de lettres, Dr Mamadou Yaya Sow, avait commenté comme suit : « Proust est un numéro ! Son œuvre a servi de base à G. Genette à la théorisation de nombre d’éléments de la narratologie dans Figures III ».
Pour tout vous dire, ce commentaire de Dr Sow m’a encore fait comprendre que Proust n’est peut-être pas à mon niveau; que je n’ai visiblement pas les outils nécessaires pour cerner ses textes. Et pour corroborer cette thèse, j’ai découvert dans mes recherches toute l’étendue de crainte et de méfiance du milieu intellectuel vis-à-vis de l’œuvre de monsieur Proust :
« II est indéniable que le grand critique a nourri l’auteur », écrit Jean Éthier-Blais dans son article Marcel Proust, critique littéraire.
De son côté, voilà ce que m’apprend le critique et écrivain Robert Lévesque : « Lire Proust, aujourd’hui comme hier, ce n’est pas donné à tout le monde… Longtemps faut-il se lever de bonne heure ou se coucher tard pour réussir l’ascension de cet Everest de phrases plus sinueuses que les pistes du Sagarmatha : Luis Bunuel n’a pas dépassé la première page des Jeunes filles en fleurs, il se disait vierge de Proust; Philip Roth a avoué (tel un crime ?) n’avoir pas réussi à seulement y entrer…», révèle-t-il.
Et c’est Philippe Barr, professeur de littérature française à l’université de Caroline du Nord, qui me freine : « J’ai remarqué que, dans les départements d’études littéraires, l’œuvre de Proust n’est plus très à la mode. On retrouve très peu de thèses ou de mémoires de maîtrise sur La Recherche. Les étudiants semblent effrayés par la monstruosité de l’œuvre et par l’imposant corpus critique qui lui a été consacré depuis sa parution. Ils optent en général pour des œuvres plus courtes et qui les touchent plus directement. »

On l’a donc compris : devant Proust, des auteurs se confessent sur leur lassitude, des étudiants fuient l’immensité de l’œuvre et le caractère implacable du style, des critiques se perdent face à la sournoiserie de la vision de l’auteur… D’ailleurs, dans la préface de Du côté de chez Swann, je me suis marré quand j’ai vu cette inscription : « Proust a trompé la critique française ». Et moi, « petit Mamadou » (comme on le dit chez nous), je fais quoi ? J’ai une idée : j’étudierai Proust, s’il le faut à un rythme d’une page par jour. Mais j’y tiens. Je compte intégrer la communauté proustienne : lire « tout Proust ». J’ai néanmoins réussi à comprendre d’abord que Combray est l’un des villages les plus célèbres dans les œuvres françaises.
Et quand j’aurai relevé cet immense défi, je vous en dirai des nouvelles. Mais tellement que l’œuvre est immense, sachez que même son auteur a été pris par le temps : il n’a pas pu assister à la publication du dernier volume, Le Temps retrouvé ; non, il n’en a pas eu le temps. J’espère que j’en aurai, moi. Pour l’heure, j’achève le manuscrit de mon deuxième roman (après Nation Enchantée, 2021). Ah le Temps !
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