Transition Guinée : le pays renoue avec les manifestations violentes

Deuxième journée de manifestation à Conakry contre l’absence de dialogue dans la gestion de la transition. Après donc l’appel à manifester du FNDC (Front national pour la défense de la Constitution) qui a activé, ce jeudi 28 juillet, sa série de protestation, celle de ce vendredi 29 juillet n’était pas prévue mais les tensions de la veille se sont poursuivies. Retour sur le film de la journée entre les forces de l’ordre et les manifestants.

Il est 10h à Bomboly, sur la route Le Prince, « l’Axe » comme on l’appelle. Après un semblant de calme au niveau de la circulation routière au rond-point de Cosa, le véritable climat de la zone jaillit un peu plus loin. C’est au carrefour CIRAGE que le premier accrochage entre manifestants et forces de l’ordre s’opère. D’un côté, tirs de gaz lacrymogènes renforcés par quelques coups de fronde, et de l’autre, des répliques au jet de pierre et des bonbonnes de gaz renvoyées aux agents. Ici, les échauffourées vont durer plus d’une heure.

Bambeto !

Comme hier et toujours, c’est l’épicentre des contestations sur l’Axe. Le nombre de manifestants est beaucoup plus important qu’à Bomboly. C’est un face-à-face. L’objectif pour les manifestants est de prendre le rond-point. Et celui des forces de l’ordre est de libérer la circulation. Finalement, nous rebroussons chemin pour Koloma. Ici, contrairement à la police, la gendarmerie maîtrise encore la situation. Pour la première fois depuis son inauguration, la grande mosquée de Bambeto n’abrite pas de prière de vendredi, au grand dam de ce fidèle. 

C’est à ce moment que les manifestants gagnent du terrain à Koloma face à 10 pickups, obligeant les agents à reculer. Toute cette ambiance électrique, sous les yeux de l’activiste Ibrahima Aminata Diallo. 

Et c’est le moment choisi par la vague de manifestants de Bambeto pour prendre d’assaut le rond-point, sous l’impuissance des équipes de la CMIS, acculées de quitter les lieux. Aux dernières nouvelles (après mon départ du terrain), l’armée a été réquisitionnée par les autorités pour prêter main forte aux forces de l’ordre. Cette mesure a visiblement changé beaucoup de choses, puisque nous apprenons que des cas de morts ont été enregistrés dans la soirée de ce vendredi 29 juillet 2022. Dans la foulée, le Front national pour la défense de la constitution, qui a lancé l’appel à manifester, a décidé d’une trêve d’une semaine, à la demande de Boni Yayi, le médiateur désigné de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest).