Transition en Guinée: le Front national pour la défense de la constitution accorde 24 mois au colonel Doumbouya

Article : Transition en Guinée: le Front national pour la défense de la constitution accorde 24 mois au colonel Doumbouya
Crédit: Abdourahmane Sénateur Diallo
21 avril 2022

Transition en Guinée: le Front national pour la défense de la constitution accorde 24 mois au colonel Doumbouya

Le trio influent du FNDC. Crédit photo: Abdourahmane Sénateur

Un des poids lourds de la contestation contre le troisième mandat de l’ancien président, Alpha Condé, le Front national pour la défense de la constitution fait ses propositions. Pour le retour à l’ordre constitutionnel, le mouvement qui s’attribue le statut de sentinelle de la démocratie a rendu publics un chronogramme et une feuille de route. Il propose que la transition se fasse en trois grandes étapes d’activités pour une période de 24 mois, allant du 05 septembre 2021 au 05 septembre 2023. C’était à la faveur d’une conférence de presse animée ce jeudi à son siège, à Conakry.

Depuis sa prise du pouvoir, le tombeur d’Alpha Condé n’a encore livré le moindre indice sur la durée de la transition qu’il dirige. Mamadi Doumbouya, à la tête du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), a toujours esquivé les questions allant dans le sens du retour éventuel à l’ordre constitutionnel. Dans la charte de la transition, il est mentionné que ces questions devront être discutées et réglées par l’ensemble des forces vives du pays. Un discours qui commence à agacer les Guinéens, plus de deux mois après l’installation du Conseil national de transition.

L’ultimatum de la Communauté économique des Etats d’Afrique occidentale va expirer dans quelques jours. La CEDEAO veut se montrer ferme face aux autorités guinéennes, qu’elle accule à plus de transparence dans la gestion de la transition à travers la publication d’un chronogramme acceptable pour rendre le pouvoir aux civils. Alors que Conakry tente de calmer le jeu face aux pressions internationales et à la réticence interne des principaux leaders politiques, une nouvelle voix s’élève, et pas des moindres. C’est le Front national pour la défense de la constitution qui entre dans la danse des propositions. Une feuille de route d’abord, à l’image de celle du ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation, appelant les forces vives à des propositions de chronogrammes pour la transition. Et feuille de route du FNDC, présentée ce jeudi, s’étale sur trois grands axes. Ibrahima Diallo, responsable des opérations du front, en dégage le premier.

« Le FNDC suggère la révision et l’adoption par voie référendaire de la constitution de mai 2010 (ndlr lors de la transition menée par le CNDD de Moussa Dadis Camara), en raison du consensus qui avait prévalu à son adoption; la priorisation de la révison des lois organiques directement liées à la marche de la transition.» Ibrahima Diallo

La deuxième étape de la trilogie du FNDC, c’est la réforme constitutionnelle.

« La réhabilitation des institutions de la république pouvant faciliter le retour à l’ordre constitutionnel. En priorité, la Cour constitutionnelle qui est directement impliquée, l’Organe de gestion des élections et la Cour des comptes. »

Le plus gros chantier accordé par le CNRD aux autorités de la transition s’inscrit dans un troisième axe qui, à lui tout seul, prend 15 mois. Ce sont les échéances électorales.

« Sur la base du dernier audit du fichier électoral effectué par les experts de la CEDEAO en 2020, le FNDC opte le recrutement d’un opérateur compétent pour la révision de l’actuel fichier électoral. Pour le retour à l’ordre constitutionnel, le FNDC propose l’ordre de scrutins ci-après : le référendum constitutionnel, le couplage des élections législatives et communales, et enfin l’élection présidentielle. »

Ce sont donc, au total, 24 mois, inclusivement depuis le 05 septembre dernier, qui sont accordés au Colonel Mamadi Doumbouya, pour rendre le pouvoir aux civils.

Un peu avant la déclinaison de cette feuille de route, le responsable des stratégies du FNDC a étalé le chronogramme proposé par le mouvement. C’est un Sékou Koundouno au ton amer qui fait constater à la presse toute la déception du FNDC à l’égard de la gestion du CNRD. Il a notamment déploré une gestion sourde et égoïste de la transition. On l’écoute au micro d’Abdourahmane Sénateur Diallo.

Et puis par la voix de Sékou Koundouno, le FNDC met en garde les autorités contre tout entêtement visant à se maintenir au pouvoir. Pour lui, les points d’achoppement entre la junte et les forces sociales et politiques du pays présagent un véritable risque d’embrasement.

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