[Fiche lecture] « Tant d’errances » de Mambi Magassouba

Article : [Fiche lecture] « Tant d’errances » de Mambi Magassouba
Crédit: Mambi Magassouba
10 février 2023

[Fiche lecture] « Tant d’errances » de Mambi Magassouba

Mesdames et messieurs, voici Tant d’errances de Mambi Magassouba, probablement le romancier guinéen le plus malin de la nouvelle génération. Après mon errance, moi je l’appelle tout simplement l’homme à l’encre du bâton-carotte, ou le concepteur de la guerre froide en littérature guinéenne. Ambivalent quand il feint l’innocence dans la rudesse ; immensément visionnaire quand il se joue des gens en les plaçant selon qu’il le souhaite ou selon sa figure la plus commode puisqu’il en a tellement : doux, rigoureux, loquace, prudent, agressif… Il peut être Magassouba en portant de gants, et tout d’un coup, capable aussi d’emprunter la rage intellectuelle de « FâKoun Fila », le héros de son récit, ce révolté littéraire qui dézingue et rabote ses confrères auteurs (« les trapézistes du vocabulaire ») dès les abords du récit proprement dit, à partir seulement de la neuvième page du livre.

Couverture Tant d’errances. Crédit photo : Mambi

J’ai lu Tant d’errances pour présenter le livre aux téléspectateurs d’Espace TV Guinée dans ma rubrique Un jour, un livre. Mais lorsque je me suis rendu compte qu’avec cet auteur, mes exercices de narratologie en fac de lettres me revenaient en flashs, j’ai donc dû l’étudier pour restituer à mes lecteurs la crème d’une plume qui bave une écume de grandeur d’esprit et de largesse de culture ; une plume profonde, maline et ingénieuse.

Mambi m’a fait errer durant deux bonnes semaines. Et voici ce que mon esprit retient de ses lignes :

Vérification du genre

Ce livre est un roman. Oui, en Guinée, on peut se permettre ce pléonasme dont la précision nous informe déjà que l’auteur connait son genre ; et donc, qu’il ne baigne pas (comme l’écrasante majorité de ses confrères et critiques) dans le fleuve de l’amalgame concernant les genres littéraires. J’ai même failli l’accuser de rigorisme, tellement son montage pour jouer avec la fiction est professionnel.

Mauvais œil assorti d’appréhension erronée sur la littérature, critiques claniques et complaisantes, imposture, manque d’audace de la minorité qui s’y connait (laissant, par faiblesse sociale, des adeptes du faux ériger leurs barricades de formules dans le noble monde de création et de liberté que constituent la littérature et ses ondes) …, j’ai déjà fait une chronique sur ces tares dans le cosmos des lettres guinéennes, et donc on n’y revient pas. La dernière fois, je parlais de Khadija Camara, cette Amélie Nothomb guinéenne, qui, elle aussi, a fait montre de connaissance des fondamentaux du genre romanesque. Son livre, La Mission, peut l’attester. Mais restons sur Mambi, le plus Magassouba des romanciers guinéens. 

Tentative de résumé

Dans un Conakry aux parures hautement fictives, un quartier a le malheur d’abriter d’importants gisements de fer, mais pas que : du coltan aussi. Alors qu’une bonne demie douzaines de ses jeunes instruits erre à travers le monde à la recherche de bien-être, le quartier Akafokakè, à l’issue d’une convention opaque, sera cédé à un consortium minier, franco-algérien, pour l’exploitation du minerai découvert. C’est à ce moment que les jeunes aventuriers rentrent au pays, après des odyssées particulièrement dures qui les ont fait tournoyer de Conakry à Paris en passant par Alger, entre faim, rejet et racisme. Autour du héros, FâKoun Fila, les quatre revenants (deux des leurs n’ayant pas survécu à tous les coups de l’aventure) rejoignent le seul mouvement de contestation qu’ils trouvèrent sur place.

Ainsi une communauté de réticence se constitua face à l’armée de déguerpissement. La résistance, dans des conditions inhumaines, n’aura d’autre choix que de céder (par leur vie) face à la horde répressive engagée par le pouvoir pour installer les exploitants. Après donc une errance certes pénible mais acceptable, c’est chez eux, sur leur terre natale, face à leur armée, selon le désir de leurs autorités, que FâKoun et ses protégés succomberont dans la défense de leur ville, de leur quartier.

Etude des personnages

Décidément, l’heure n’est plus aux intrigues romanesques fortement axées sur un seul poids comme personnage principal. Il semble, au regard des lectures contemporaines, que l’intégration, l’entraide et l’altruisme constituent une tendance plus moderne, qui a dominé les génies de romanciers d’ici et d’ailleurs. Les auteurs ont plus de rage et plus de motivation pour des quêtes de grandes envergures, des missions aux enjeux croustillants. Et ils le savent : vraisemblablement, il faut se démarquer des films d’action où l’excès d’héroïsme est une qualité innovatrice. La tendance actuelle de la démographie d’action dans les récits, c’est opter pour un mouvement collégial des personnages principaux, vu l’importance de la quête et la proportion qu’on souhaite acceptable des approches artistiques basées sur la fiction. On n’emprunte plus le surréel cinématographique pour mettre en scène un seul soldat qui doit sauver le monde ou un Tarzan qui domine la forêt et son contenu. Non ! Les romanciers, de nos jours, veulent atténuer l’extravagance de la fiction pour rendre ses produits plus commodes et analysables : la fiction pour créer « normalement » des situations et des résultats (des souhaits, des feuilles de route) que le monde n’a pas encore intégrés. Il a fallu à Sarr ‒ dans La plus secrète mémoire des hommes ‒ une création blindée (Siga D., Brigitte Bollème, Charles, Thérèse…) autour de Diégane pour le lancer dans la quête du Labyrinthe, et à Abdourahmane ‒ dans Nation enchantée ‒ tout un mouvement citoyen (le M224) autour de Doura pour le lancer dans la quête de l’unité nationale. C’est exactement cette approche qui se retrouve chez notre auteur Mambi Magassou qui, lui, décide de créer tout un environnement d’êtres et de choses autour de ce qui fait le personnage principal :

– Personnages principaux :

  • La bande à FâKoun

FâKoun Fila : héros-narrateur du récit ; intelligent, leader, meneur, audacieux… Vous ne pouvez pas ne pas remarquer une proximité d’avec l’auteur.

Bélé-Bélé Bâ alias « La Boule » : ami d’enfance de FâKoun (comme toute la bande) ; enfant gâté du quartier, ex élève de Sylamo (peut-être les écoles MOLASY de Conakry), c’est comme si c’était un deuxième héros, « La Boule »

Wouléfalè : expert en montage mensonger, porte-parole du groupe

Autres membres : les jumeaux Kemba et Dôkê, Bouboudi…

  • La famille de La Boule

M. Komô Bâ : père de La Boule

Gbonsan : tuteur de La Boule, en région

Afakoudou : jeune albinos

M. Madidi : tuteur d’Afakoudou

– Personnages secondaires

  • Les habitants d’Akafokakè : Nondi (femme respectée du quartier et pionnière des luttes anti exploitations minières, leader d’un groupe de femmes : Les Amazones), Konôma (femme enceinte de huit mois assassinée lors de l’invahsion du quartier), Gninè (la guérisseuse, une sorte de gardienne-sorcière, aide de camp de Nondi)
  • Les politiques : Sydy Tongodi, Cellou Dealer, Moussa Daghoui Caramba, Bêta Promesse (Président), Fâmakè (syndicaliste qui dit « Non » à De Gaulle), Général Fori Coco, El Babouin…

– Personnages d’ailleurs :

Algérie : Nabil (homophobe, frère de la compagne de Kemba), Nasna (sœur de Nabil), M. Khouya (prof algérien, raciste), Bamanakè (jeune migrant malien, premier contact des étudiants guinéens)

France : Bernard et son chien (voisins), Gnak alias Sénégalais (ami et guide du groupe de Fâkoun à Paris), Alexia (compagne de Gnak), Tounkan (cousin éloigné de La Boule qui va héberger le groupe en banlieue parisienne après son expulsion du studio de la rue de Suez)

Etude thématique

Dans un livre d’errements urbi et orbi comme celui-ci, les thèmes en sortent en abondance, compte tenu de la variété des galaxies explorées, des êtres et des choses. Mais essentiellement, voilà les thèmes centraux de ce récit : amitié, exil, racisme, intégration des cultures, patriotisme, engagement citoyen, littérature, politique, autoritarisme, ingérence, développement, mines…

Etude spatiotemporelle

  • Lieux :

Ce récit de Mambi Magassouba est un panaché artistiquement fait de réalité et de fiction, du moins sur les lieux qui l’abritent. Comme la plupart des romanciers, il a choisi d’évoluer dans des pays :

– La Guinée où tout a commencé et où tout se termine

Il garde donc intact le grand cadre, mais ensuite prend le malin plaisir d’écorcher quelques endroits populaires : Ignace Dingue et Dankâ pour désigner respectivement les hôpitaux Ignace Deen et Donka, tous à Conakry ; sans oublier le Palais des Ânesses pour désigner le Palais du Peuple. Ce qu’il faut également noter, c’est que l’histoire guinéenne de ce roman se déroule principalement dans le quartier fictif d’Akafokakè.

– L’Algérie, pays des bourses d’études (un royaume dans le roman)

On ne saura jamais ni pourquoi ni comment Mambi Magassouba, dans ce roman, a fait de l’Algérie un royaume, mais ce qui s’y passe, en tout cas pour la bande amicale en provenance de la Guinée, est insupportable quand on parle de racisme et totalement horrible lorsqu’on évoque les événements tragiques qui ont jailli dans cette aventure maghrébine : discrimination, torture, meurtre, suicide…

– La France, pays de rebondissement

Paris au centre du récit ! Le quartier Château Rouge, la rue de Suez, la cité des bois d’Evry, les cafés, les terrasses…

  • Temps

A quelle époque se déroulent les événements de ce livre juteux ? A dire vrai, je n’ai eu aucun repère. Je sais seulement, sur la base du style narratif de l’auteur (absolument ingénieux), qu’il y a un léger décalage entre les faits contés et la période de leur mise en page, entre les actions et le rendu littéraire. Et dans l’épilogue du livre, où j’attendais d’amples informations, je n’ai eu droit, comme tout lecteur, qu’à ce passage : « Cela fait quelques temps maintenant que j’ai fini d’écrire mon machin… ». Plus loin sur cette page, il nous donne même un indice : « hier ». Mais hier de quel jour ? Hier de quel mois ? De quelle année ? Je n’ai pas su le savoir.

Composition de l’ouvrage

C’est une structure révolutionnaire : le récit se raconte en quatre grandes parties, autonomisées et liées, prudemment posées sur un magma littéraire de 25 chapitres lesquels sont particulièrement touffus de paragraphes (de trop, je trouve) ; six chapitres pour chaque partie, à l’exception de la deuxième qui, elle, comporte sept chapitres. Mais ces parties se placent symétriquement entre deux bornes disparates : une étrange introduction et un saillant épilogue. Et toute cette ramification est filée en deux-cents pages ; des pages pleines et mouvementées, mystérieuses et accessibles, linéaires et ambulantes, agitées et discrètes… Suivez-moi, j’ai étudié ce livre.

N.B : Les chapitres et les parties sont anonymes dans le livre. Je les ai nommés moi-même dans cette étude-critique.

PREMIERE PARTIE :  AKAFOKAKE OU TOUT A COMMENCE

Ces six premiers chapitres du livre racontent la vie du bouillant quartier (si c’en est un), Akafokakè, animé par la bande de copains, avec à leur tête FâKoun Fila (ou pas vraiment) Ce groupe d’amis constitue l’essence même de cette histoire.

Chapitre I (pp 12-21) : La mésaventure de « La Boule »

Comme Cheikh Hamidou Kane dans L’aventure ambiguë avec la pénible entrée en matière de son héros Samba Diallo, Mambi Magassouba aussi ouvre son récit sur une période difficile d’un de ses personnages principaux. En effet, Bélé-Bélé Bâ, appelé également « La Boule » par ses amis, est envoyé en province par son père, le vieux Komo Bâ. Un séjour de persécution chez Gbonssan (oncle de La Boule) pour apprendre les bonnes manières à un enfant dont le père n’est vraiment pas fier de la conduite. Au retour de Bélé-Bélé Bâ, ses amis découvrent les drastiques conditions de vie qui étaient les siennes. Ils s’indignent contre le traitement infligé à La Boule, mais le vieux Komo Bâ finira par les convaincre de la nécessité de sa stratégie d’éducation. « Le démon qui se promenait dans son corps a été terrassé par la grâce de Dieu et par l’abnégation de Gbonssan. Aujourd’hui, j’ai un héritier ! » (Komo Bâ, page 19).

Chapitre II (pp 23-33) : « Rappel historique »

C’est là où la politique entre dans la danse. L’auteur passe en revue l’histoire politique du pays (la Guinée) à sa façon : c’est-à-dire avec agressivité, ironie, jugements… Le rappel parle principalement de M. Bêta Promesse, président du GPR, auquel le narrateur ne fait aucun cadeau dans la description de l’homme ici comme tout au long du récit. Ce « Sorbonnard avait passer le plus clair de sa vie en France, en tant que réfugié politique. » (Page 23)

Chapitre III (pp 35-41) : Retour d’exil de M. Bêta Promesse

Après plusieurs décennies d’exil en France, M. Bêta Promesse rentre au pays pour se présenter à l’élection présidentielle. Celui qu’on appelle le « génie » était une véritable légende vivante dans son pays (pour ses partisans). Après des mois d’actes déplacés et d’agissements incommodes dans la ville, toujours avec le soutien indéfectible de ses partisans, M. Bêta Promesse, on ne sait comment, fut élu Président de la République de Guinée. « Je passe sous silence les détails électoraux qui, deux mois plus tard, menèrent M. Bêta Promesse à la présidence de la République ; nous encombrer de ces faits serait inutile et insultant. », dira le narrateur. (Page 40)

Chapitre IV (pp 43-47) : Vers l’investiture de M. Bêta Promesse

Après son élection spectaculaire, M. Bêta Promesse et son équipe se lancèrent dans les préparatifs de son investiture. Pour cela, le président élu convia plusieurs jeunes de Akafokakè à sa cause pour « pimenter la cérémonie. » Ces jeunes devraient notamment l’aider à mettre en œuvre sa chorégraphie qu’il appelle tout bêtement le « Solo cancan présidentiel ».

Chapitre V (pp 49-60) : Fracassante investiture de M. Bêta Promesse

Tout se passait comme prévu lors de cette étrange cérémonie d’investiture. Le programme suivait son cours normal jusqu’au moment de la représentation du fameux Solo cancan présidentiel, très cher à M. Bêta Promesse. C’est là donc, agacé par les agissements qu’il trouvait (pas que lui) indignes de quelqu’un qui s’apprêtait à diriger le pays, que La Boules’est mis hors de lui pour prendre M. Bêta Promesse à partie : « … de la pointe du pied, administra un puissant coup en plein dans le derrière de M. Bêta Promesse. »

Le reste du chapitre se consacre à tout ce qui a résulté de ce bazar : arrestation musclée de La Boule puis de FâKoun, accusés de « complot terroriste en rassemblement. », conduits à l’hôpital pour la fête de bastonnades à laquelle ils ont eu droit, et puis libérés…

Chapitre VI (pp 61-64) : L’envol des boursiers d’Etat

La fin de la mésaventure de La Boule et de FâKoun coïncida avec la publication des résultats du baccalauréat. Le personnage principal, Fâkoun, arrivé 99e rang du classement national, faisait d’office partie de ceux qui devaient poursuivre leurs études supérieures en Algérie. Mais, paradoxalement aussi, La Boule va s’envoler avec eux. Le fait qu’il ait déjà passé le bac « à la surprise générale » était un événement, mais son soudain statut de boursier d’Etat intriguait plus d’un. Eh oui ! Finalement, Bélé-Bélé Bâ sera à Alger à bord du même vol d’ailleurs que son ami FâKoun. D’étranges malheurs arrivés aux ayants droit lui avait permis de les remplacer.

DEUXIEME PARTIE : TUMULTES AU « ROYAUME » D’ALGERIE

Chapitre I (pp 69-74) : Arrivée des bacheliers à Alger

Après avoir rappelé les facultés choisies par les nouveaux de l’Université Bordj El Kifanne, le narrateur dresse les portraits des six jeunes issus de Akafokakè dans cette délégation guinéenne : FâKoun, Bélé-Bélé Bâ, Bouboudi, Wouléfalè, et les frères jumeaux (Kembâ et Dôkê). Ce chapitre est vraiment la meilleure occasion pour les lecteurs de se faire une meilleure idée de ce groupe d’amis, valeur actantielle, on l’a dit, de ce roman. Après ça, viennent les premiers mots sur les premières difficultés d’intégration dans la société algéroise : « … le visage de cette ville en apparence hospitalière et sans histoire se présentait à nous sous un autre jour. » (Page 74).

Chapitre II (pp 75-86) : Le racisme algérien en pleine figure

Les amis d’Akafokakè commencèrent à vivre au quotidien le racisme des Arabes d’Alger. FâKoun et ses acolytes sont aussi témoins des égards racistes envers les autres ressortissants subsahariens qui essuient des attaques inhumaines. Ce qui crée une discussion avec comme thème centrale, le racisme. « Nous avons pissé un coup sur nos savoirs endogènes et montré au monde combien nous nous détestions nous-mêmes. Après cela, nous mendions l’amour des autres telles des sottes gens. », s’agaçait FâKoun. (Page 86)

Chapitre III (pp 87-91) : Colères antiracistes

Les réalités du chapitre précédent se poursuivent ici : le groupe d’amis continue de s’indigner face au racisme algérien. Et c’est aussi autour d’une discussion que les six copains échangent leurs opinions sur le phénomène. « Nous creusons nos propres tombes, et lorsqu’on nous y pousse d’un coup de pied, nous crions au scandale… » : colère autocritique de Wouléfalè (page 91).

Chapitre IV (pp 93-100) : Le racisme envenimé par le football

A l’issue d’une large victoire (3-0) de l’équipe du Syli en déplacement à Alger, l’ambiance des supporters guinéens, bien aidés par d’autres jeunes migrants subsahariens, des Algériens se voient humiliés. Et les représailles n’ont pas tardé à sévir. Ça passe par des rixes dans la ville. Les autorités algériennes finissent par interdire toute manifestation de joie sur la voie publique. Une décision contestée par La Boule qui continue la fête de la victoire guinéenne dans son amphithéâtre. Il sera passé à tabac, ainsi que FâKoun, à l’ordre de leur professeur M. Khouya. « Une bonne semaine fut nécessaire pour nous en remettre, même si aujourd’hui encore je garde des séquelles de cette journée. » (Page 100)

Chapitre V (pp 101-105) : Les échos des exploits amoureux de Kembâ

Le nom du frère jumeau de Dôkê est sur les lèvres de toutes les jeunes filles d’Alger. Entretenant déjà une relation amoureuse avec Nasna, cette fille algérienne au « regard calme et éternel », Kembâ, jeune homme de toutes les qualités et de toutes les forces, s’était aussi fait des ennemis dans la ville. Le plus connu de ses ennemis était Nabil, le frère de Nasna. Nabil trouvant que la relation qu’entretient sa sœur avec quelqu’un de différent était prohibée, Kembâ a donc dû lui montrer sa force physique, à lui et à son groupe. Kembâ n’arrête pas de séduire involontairement les filles de l’université et de la ville. Six belles d’entre elles sont envoutées par son physique. Elles veulent alors passer par FâKoun pour un management auprès de son ami Kembâ. C’est la naissance des affaires chez FâKoun qui va rançonner les filles pour des services qu’il n’a jamais rendus, puisqu’il allait « déchirer en plusieurs morceaux les lettres dont Kembâ ne sut jamais l’existence. » (Page 10)

Chapitre VI (pp 107-112) : Le drame

La légendaire force de Kembâ va se heurter à l’animosité de ses ennemis. Alors qu’il profitait d’une soirée dans un bar, le jeune et sa petite amie sont de nouveau agressés par Nabil et ses « sbires ». La fille enlevée, Kembâ entouré par le groupe de Nabil. Au premier round, Kembê reproduit la scène de la veille en leur infligeant une nouvelle défaite. C’est malheureusement au deuxième round que Nabil le surprend avec un sabre dans la gorge ! Kembâ s’efforça à se battre. Il va tuer Nabil et tout son groupe. Se vidant de son sang, il va préférer aller à la recherche de sa Nasna plutôt que d’aller aux urgences, comme lui suggérait incessamment FâKoun. Sur la route, alors qu’il cherchait sa bienaimée, Kembâ s’écroule et rendit l’âme, quelques secondes avant l’apparition de Nasna qui se précipita vers lui. « Lui qui, toute sa vie, portait en lui les signes de l’immortalité, venait de rendre l’âme. » (Page 112)

Chapitre VII (pp 113-118) : Au procès

Malgré le carnage qui a conduit à l’ouverture du procès (huit Arabes et un Guinéen tués), et malgré les débats houleux qui ont caractérisé ce procès marathon de trois mois, les peines prononcées à l’encontre de la trentaine de jeunes subsahariens étaient plausibles : juste une obligation de quitter le « royaume » d’Algérie. « Le juge fut contraint d’écarter les chefs d’accusation de complicité de réunion… » (page 117).

Aussitôt, la France, à travers son ambassade, accorda des visas d’études aux expulsés. Hélas ! le reste du chapitre présente deux autres drames : le suicide de Dôkè, ne supportant plus le chagrin depuis le meurtre de son frère jumeau ; et l’adieu tragique de Bamanakè, le migrant malien du campement, broyé par les bulldozers lors du déguerpissement.

TROISIEME PARTIE : LA FRANCE HOSPITALIERE ET HERMETIQUE

Chapitre I (pp 121-124) : Les débuts parisiens des jeunes d’Akafokakè

Après donc son expulsion d’Algérie, comme prévu, la France a accueilli le groupe d’amis composé désormais de quatre membres après la tragique disparition des jumeaux Kembâ et Dôkè. L’auteur consacre tout ce chapitre à la description du nouveau QG de la bande à FâKoun : le quartier Château Noir dans le XVIIIe Arrondissement, leurs voisins Arabes, Bernard et des Congolais qui « passaient leur soirée à picoler, à faire grincer le sommier, à donner des coups au murs… » (Page 121)

Chapitre II (pp 125-130) : La faim à Paris

Après avoir réussi difficilement leur inscription à l’université de Nanterre, livrés à eux-mêmes après des crises financières de leurs parents, les quatre amis font face à la galère de Paris. Le ventre et le loyer leur causant de sérieux problèmes, ils font recours à une solution extrême : voler le chien du voisin (Bernard) et en faire le repas du jour. « … ma conscience ne m’a jamais pardonné d’avoir en plein Paris, sous la Tour Eiffel et l’Arc de Triomphe, avalé la viande de chien, de surcroit un chien de la race des chiwawas… », regratta FâKoun. (Page 128)

Chapitre III (pp 131-138) : Débats d’intégration et de brassage à Paris

« Il existait entre les Français et nous des barrières invisibles et il serait injuste de dire que nous ne faisions pas les premiers pas. » : lamentation du narrateur-personnage, après une kyrielle d’appréciations objective et subjective de Paris et du Parisien, pour ouvrir ce chapitre discursif et d’opinions croisées sur la question fondamentalement de l’intégration des cultures et des races. Cette thématique sera attaquée avec vives passions, avec d’un côté la bande à Fâkoun et, de l’autre, le couple Gnak-Alexia : les Guinéens vont vilipender le couple que forme le Sénégalais avec cette fille parisienne qu’ils présentent avec dédain. Mais Gnak y tient mordicus. Alexia et lui attendant un enfant (à la grande stupéfaction de ses amis guinéens), il avait déjà un nom pour le futur enfant : Brassage culturel Diop.

Chapitre IV (pp 139-145) : Débats entre immigrés : assimilation ou intégration, ou communautarisme ?

Il fallait libérer le studio de la rue de Suez. Le groupe d’amis se fera alors héberger par un cousin éloigné de La Boule, Tounkan (arrivé en France depuis les années 80). Ce passionné de cinéma, naturalisé Français sur la base d’un gros mensonge, comme c’était son pouvoir, se constituera en poids contradictoire face au vent de jugements et de d’accusation de ses hôtes vis-à-vis de la société française. Pour les amis de FâKoun, notamment Bouboudi, même à Paris, un Afrique doit rester Africain dans toute sa splendeur ; alors que Tounkan, lui, s’efforce de soutenir et d’expliquer la nécessité de brassage et d’intégration, fermant les yeux sur les dangers potentiels de perdition que son interlocuteur soulève dans un projet d’intégration qui pourrait virer à l’aliénation. Tounka : « Pour ma part, il n’y a pas plus ingrats que ceux qui ne respectent pas leur pays d’accueil. » (Page 144). Bouboudi : « Ceux qui renient leur africanité renient leurs propres parents. » (Page 143).

Chapitre V (pp 147-149) : Et Paris se normalisait peu à peu

Trois bonnes années sont passées depuis le débarquement de la bande à Fâkoun à Paris ! Les épisodes de la famine létale, des études bâclées et des déménagements avaient cédé la place à une stabilisation plus due à l’habitude de la précarité qu’à une véritable amélioration des conditions de vie et d’étude des jeunes gens. Paris aussi se normalisait pour eux. Chez Fâkoun, on a droit à ses premiers vrais éloges sur Paris, appréciant sa beauté (qu’il reconnait exclusivement de par les terrasses et cafés) et la facilité de l’accès au savoir. Il va d’ailleurs en profiter doublement : café, lecture puis début d’écriture… « Après trois ans d’exil, l’envie de solitude avait fini par gagner de tous. » (Page 147).

Chapitre VI (pp 147-149) : Penchants d’auteur chez FâKoun

La tranquillité retrouvée de Paris à travers l’attachement aux cafés et à la lecture va jeter sur l’esprit du héros, FâKoun, une envie grandissante de griffonner des choses sur papiers, au début sans vraiment de conviction mais avec beaucoup d’abnégation ensuite. Il produira un pamphlet qui sera sujet de discussion en ce chapitre purement littéraire et anthropologique. La place des Noirs, c’est la grande question abordée ! Au début, ses amis ont émis des doutes sur l’originalité et la propriété du texte, soupçonnant FâKoun de plagiat ! Mais ce dernier, lors d’une discussion, semblait connaitre son sujet ; il semblait dans son élément. Quand Bouboudi prit le soin de lire la page 98 du manuscrit, un poème, Partir, tout le monde respecta alors l’auteur en herbe qui se dessinait en Fâkoun. Entre rêve d’un retour triomphal au pays pour changer de système (ils en avaient gros sur le cœur contre l’élite politique guinéenne, notamment M. Bêta Promesse) et questions existentielles, le pamphlet de Fâkoun promettait, comme on dit, du lourd. Il le titre d’ailleurs en grec, Ubi ire ? (Où aller ?). « Ubi ire, ubi ire, ubi ire, m’écriai-je. Je rentre au pays dès la semaine prochaine. » (Page 157).

QUATRIEME PARTIE : RETOUR A LA SOURCE, GUINEE

Chapitre I (pp 161-166) : Comeback de combat

Le retour des exilés, FâKoun et compagnie, sur leur terre natale a coïncidé avec un vent de panique dans leur cher quartier d’Akafokakè, à Conakry. Déjà, en France, ils avaient eu vent d’une exploitation minière imminente sur leur sol. A leur arrivé, les jeunes aventuriers découvrent que le marché de ce projet avait été cédé à un consortium franco-algérien qui, au lieu du fer, voulait plutôt du coltan. Les habitants du quartier s’opposent. Un élan de contestation s’élevait, avec à sa tête, la virevoltante Nondi, femme respectée du quartier. « Même si la mine nous apporte un salaire conséquent ! Qu’est-ce qu’une richesse qui appauvrit ? Qu’est-ce qu’une richesse qui détruit nos maisons et nos champs ? » (Page 164).

Chapitre II (pp 167-170) : La tension monte d’un cran

Droit dans ses bottes, le Gouvernement guinéen entendait effectivement commencer l’exploitation avec son partenaire franco-algérien, quitte à piller une ville. Comme pour lancer les hostilités, le bataillon militaire déployé sur place fit une victime : une balle à bout portant alla se loger dans le ventre de Konôma, une femme enceinte, qui était au marigot. La nouvelle parvint à Nondi, chez qui s’était regroupé l’essentiel des habitants du quartier. Il fallait l’inhumer au plus vite. Dans cette cacophonie, FâKoun perd la raison et s’évanouit. « Les mots de la guérisseuse me plongèrent dans un état hypnagogique. » (Page 169).

Chapitre III (pp 171-176) : Le combat continue, quel qu’en soit le prix

Ce chapitre hybride s’ouvre après l’enterrement de Konôma. Le déguerpissement était musclé, mais comme elle l’avait promis, Nondi refusa de quitter sa maison. Il faut dire que tout le quartier ou presque y avait bivouaqué. Face aux déterminations suicidaires des habitants réticents et intraitables, les autorités exonérèrent le domicile de Nondi, donc la base de tout un quartier représenté. Un nouveau système de vie y est né : alors que le reste du quartier bourdonnait de dynamites, le retranchement de chez Nondi lançait les bases d’une nouvelle vie commune. Sur seulement deux hectares, reproduire la vie de tout un quartier. Et ça marchait bien. Des activités génératrices de revenus furent lancées. L’agriculture (ou le jardinage) marcha bien. Le quartier détruit, les promesses politiques ne se réalisaient pas, surtout sur la question des dédommagements. Le déguerpissement « n’apporta point d’hôpitaux, il ne permit guère la rénovation d’écoles. » (Page 176)

Chapitre IV (pp 177-183) : La métamorphose de Akafokakè

Plusieurs mois après le lancement des travaux de déguerpissement et d’exploitation minière dans le quartier, alors que le domicile de Nondi revêtait d’autres dimensions de la vie municipale commune, une vague de personnes déformées par la souffrance arrive devant le campement général de « Nondiya » (chez Nondi). Ces personnes ont subi le même processus de dénaturation que le quartier lui-même. Méconnaissables, chétifs, creux… ces rescapés de la faim et de la précarité avaient même des queues, de vraies queues humaines. Ils seront accueillis non pas sans représailles, mais auront la chance d’être acceptés de nouveau. Parmi eux, l’ancien imam du quartier. Et puis, regrettant l’état de destruction poussée de leur localité, les amis aventuriers, autour de FâKoun, ouvrirent une discussion qui laissait entendre un profond regret sur la tournure des événements. Un sentiment de culpabilité s’imposa chez quelques-uns d’entre eux, regrettant d’avoir abandonné leur quartier. « Aujourd’hui, sous notre nez, ou du moins pendant notre absence, d’autres se sont appropriés notre quartier. » (Page 181)

Chapitre V (pp 185-190) : Et l’étau se resserre autour d’Akafokakè

Longtemps exempté notamment à cause de la résistance de la petite communauté qui s’y était constituée, « Nondiya » revient sur la liste des domaines à déguerpir : autorisation du Chef de l’Etat ! Des émissaires furent envoyés par le consortium franco-algérien. Ils connurent une fin tragique : assommés et supprimés par la magie noire de Gninè ; ils furent dévorés par les vautours. Quelques temps après, une autre délégation de la même provenance se pointa à Nondiya. La patronne des lieux explique alors ce qui était arrivé aux émissaires, arguant qu’elle et sa suite ne quitteraient jamais les lieux, autant les écraser avant d’occuper leur domaine. Un des délégués, un Français, prit ça à la légère. Il subit aussitôt la foudre magique de la canne mythique de Gninè. Problème : les vautours envahirent les lieux. Après les nouveaux cadavres, à la nuit tombée, ils attaquèrent l’arrière-cour où étaient hébergées les créatures déformées. Les vautours les mangèrent tous ! Au petit matin, c’est un cimetière de squelettes qu’on y découvre. Avant tout ça, Gninè rendit l’âme. Et les cauris avaient prédit de mauvaises nouvelles. « Nous réunirons nos forces et résisterons jusqu’à la dernière volonté de Dieu », disait Nondi (Page 189).

Chapitre VI (pp 191-200) : La prise d’Akafokakè

Quelques jours après, l’armée guinéenne employa les gros moyens. Décidée d’en finir, elle sortit, comme on le dit, l’artillerie lourde ! En face, décidés de vivre ou de mourir dans et pour la dignité, les Akafokakéens étaient aussi prêts jusqu’à la dernière goutte de sang. Dernier assaut, dernière résistance !

Qu’il soit emprunté au cinéma ou à la légende, les tenants de ce dernier chapitre sont d’une autre dimension : trop fort même dans le genre littéraire par excellence de la fiction. On peut assister à un carnage, mais pas au niveau de la description que nous offre le narrateur ici. Bref, un premier jour d’invasion : des dizaines de morts ; deuxième jour : les pertes sont doublées, Bouboudi y périt ; troisième et ultime assaut : tout Nondiya fut maitrisé par la force la plus démésurée. Vingt-et-un habitants seulement avaient survécu, dont FâKoun et Nondi. On les fusilla et jeta dans le ravin, mais visiblement, FâKoun Fila n’avait pas encore rendu l’âme. Et c’est du tréfonds du charnier, alors que les machines s’apprêtaient à hermétiquement boucher leur dernière grosse demeure, qu’il put lâcher la dernière phrase du récit, derniers mots du roman : « Je ne suis pas encore mort… » (Page 197).

Style de l’auteur

Auteur de « Tant d’errance ». Crédit Photo : Mambi Magassouba

Derrière le visage placide de l’auteur résolument fixé vers la douceur et la souplesse, se cache un véritable arsenal de violence sémiotique et sémantique. Vous n’avez pas besoin de fouiller, c’est la toute première phrase du chapitre inaugural qui vous sert : « Il existe des hommes enfantés pour endosser une fonction de bouffon ». Et ce langage tout cru est l’unique constitution de la trame de ce merveilleux récit, capable de causer par contre un problème d’appréhension de la focalisation utilisée. Tantôt, lorsqu’on se retrouve sur les nuages innocents de l’auteur, on perçoit un point de vue externe du narrateur ; et tantôt, lorsqu’on se perd dans l’immensité de la connaissance de cette petite voix entre les lignes, on pense aussi à une focalisation interne ; mais le plus stimulant, c’est quand l’auteur, complice du narrateur ici, se permet une extension du récit au-delà même du roman… là, sans même hésiter, on voit bien qu’il y a une focalisation zéro, un point de vue omniscient. En lisant Tant d’errance, on se rend compte que tous les angles de vision du narrateur peuvent cohabiter sans le moindre problème.

Le style de Mambi est celui qui tient le cerveau de son lecteur par une sorte de télécommande : il vous donne ce qui se passe dans le récit ; il recule en dans la narration pour évoquer les racines de l’histoire que vous tenez en main (comme quand il raconte une histoire d’il y a une quarantaine d’années entre Satô et Singé, au dernier chapitre de la première partie) ; et il sort du récit (en ce moment vous pouvez fermer le livre) pour vous dire ce qui s’est passé après l’époque précise des événements racontés (avec ses « j’appris plus tard que… ») : des tactiques d’analepses et de prolepses à ciel ouvert…

Et puis, comme si cela ne suffisait pas, l’auteur ne manque pas de petites histoires à greffer au véritable récit. Ce qui fait qu’au lieu de vous attendre à un dénouement pour tout le livre, vous êtes plutôt étouffé à tout bout de champ par des suspenses montés à la Mabankou. Dans d’autres milieux, Mambi serait un donneur de multiples orgasmes en un seul acte. Pas étonnant qu’on s’évanouisse face à ses pages. Quelle finesse ! Comment vous dire que cet ouvrage n’est en réalité que magie et produit de magie noire ?

Dernière préoccupation : ce livre revêt-il des signaux autobiographiques ? Quand je réponds avec ce que Sarkozy appelle « ma sincérité de lecteur », on voit bien que FâKoun se confond à Mambi, et inversément. Mais c’est ma sincérité de critique qui pose le bon diagnostic : un récit à la première personne, un personnage principal avec toutes focalisations possibles et une légère inattention du rédacteur qui fait parler le narrateur-personnage comme l’auteur-même (« Je m’en vais dès à présent prévenir mon lecteur… », page 169) … Or ni un personnage ni un narrateur (encore moins les deux associés) ne s’exprime de la sorte, normalement en tout cas ; « … mon lecteur » : cette erreur (laissée délibérément ou accidentellement) confirme donc mon soupçon sur le caractère autobiographique du récit de Magassouba.

Par ailleurs, très sincèrement (peut-être que l’auteur aussi le pense), Tant d’errances, malgré sa puissance et sa profondeur, m’a semblé un produit précocement filé, ou précipitamment sorti. Personnellement, je vois une étendue de décontraction derrière ses ondes textuelles qui, avec un peu plus de temps et moins de précipitation dans le processus de création, aurait pu être majestueusement comblée par une espèce de rodage littéraire dont l’effet de pansement, indéniablement, allait accentuer la valeur du livre dans tous ses mérites, et ainsi légèrement rehausser sa valeur sociétale et son impact dans l’opinion littéraire guinéenne et internationale. Bref, on voit bien que l’auteur est serein ; il sait ce qu’il fait. Dès ses premières lignes, on peut sentir son aise à glisser chacun de ses pas au bon endroit de son propre chemin.

Conclusion

Après avoir épluché ce bordereau d’art peint et conté avec frénésie de professionnalisme littéraire, je rejoins tous les observateurs guinéens qui ont récemment exprimé un petit regret : qu’est-ce qui a manqué à cet ouvrage pour n’être classé que septième par le jury du Prix Orange du Livre en Afrique, alors que les six premiers composent le lot finaliste de ce qui devient progressivement un challenge littéraire rêvé sur le continent ? Mambi a donc frôlé la finale : c’est la meilleure performance guinéenne à ce prix ! Bon bref, qui a dit qu’on écrit pour les distinctions ou les trophées ? Je ne sais pas trop ce qu’il en pense, lui, mais il faudra noter sa distinction d’Auteur guinéen de l’année 2021.

Et espérons seulement que Mambi, après avoir frôlé l’Afrique littéraire, ne nous a sorti, avec Tant d’errance, qu’une infime partie de son génie, et qu’il s’apprête à faire irruption dans la très rétrécie case de la prospérité littéraire sur le continent. Tout ça, bien évidemment, pour le bonheur de la Guinée et de la littérature.

En somme, aux côtés de plusieurs autres jeunes qui trempent leur plume dans l’encrier littéraire, pour moi, Mambi Magassouba est une valeur sûre de la littérature guinéenne, qui n’a rien à envier à toute la deuxième génération d’auteurs guinéens, c’est-à-dire tous ceux qui ont écrit leurs premiers textes après 1990.

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