De Conakry à Bamako : l’incroyable randonnée de solidarité au Mali effectuée par des jeunes Guinéens

Article : De Conakry à Bamako : l’incroyable randonnée de solidarité au Mali effectuée par des jeunes Guinéens
Crédit: Habib Labé Bah
26 juin 2022

De Conakry à Bamako : l’incroyable randonnée de solidarité au Mali effectuée par des jeunes Guinéens

Un périple de 1 226 kilomètres à pied pour exprimer un message fort : apporter une solidarité indéfectible au peuple malien qui, depuis maintenant plusieurs années, souffre le martyr, entre insécurité et instabilité politique. C’est le défi ahurissant que vient de relever une dizaine de jeunes panafricains, partis de Conakry. Une marche de 35 jours que je vous retrace grâce à la collaboration avec Habib Labé Bah, un des marcheurs que j’ai contacté via WhatsApp. 

Le collectif des marcheurs. Crédit photo : Habib Labé Bah

De tous les pays amis de la Guinée, le Mali et le Maroc sont historiquement perçus comme les plus « sincères ». Mais c’est le Mali qui, de loin, occupe le premier rang de fraternité avec le pays de Sékou Touré. Cette complicité s’explique par beaucoup de facteurs parmi lesquels la proximité géographique n’est pas anodine. D’ailleurs, des anthropologues et sociologues n’arrêtent pas d’affirmer que ce sont les mêmes peuples. Parce culturellement et historiquement, le Malien est l’homme le plus proche de nous, Guinéens. Alors pour fortifier ce lien ancestral, une partie de la jeunesse guinéenne à mis la barre un peu plus haute cette fois. 

Marche de solidarité 

Depuis la nuit des temps, jamais la Guinée n’a tourné le dos au Mali, quitte à outrepasser par exemple les injonctions de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en refusant de fermer ses frontières à son voisin enclavé. En tout cas, ça ne risque surtout pas de se produire avec une génération comme celle de Habib Labé Bah. Le jeune homme a réussi à ameuter beaucoup d’autres jeunes pour cette aventure panafricaine digne d’une Afrique solidaire.

Tous les Guinéens maîtrisent la formule de solidarité entre les deux pays : « deux poumons dans le même corps. » Avec ces liens déjà très étroits, c’est une nouvelle couche qui vient d’être rajoutée sur la peinture de la coopération indéfectible entre Conakry et Bamako. Pour Habib et ses camarades, pas question d’abandonner le peuple malien « sous les peines injustes décrétée par la CEDEAO, ce syndicat de chefs d’Etats ». Ils ont donc mené une odyssée pour aller crier à pleins poumons, à Bamako, leur attachement au panafricanisme. Départ de Conakry : 15 mai 2022.

Habib Labé Bah, message vocal sur WhatsApp

Une marche sur l’artère de l’histoire 

Le collectif des marcheurs. Crédit photo : Habib Labé Bah

En 1975, accomplissant une mission du président Sékou Touré, l’artiste guinéen, Sory Kandia Kouyaté, évita l’embrasement du conflit entre le Mali et la Haute-Volta (l’actuel Burkina Faso). Depuis, la Guinée est toujours vue comme une « République sœur » du Mali. Quarante-sept ans après, les liens sont toujours aussi solides. En mai 2022, considérant que les sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest sont injustes – surtout sur un peuple déjà étranglé par une cherté de vie galopante -, les petits-fils de Sékou Touré marquent encore l’histoire. Mais pour un tel itinéraire à pied, les difficultés sont aussi énormes.

Habib Labé Bah, message vocal sur WhatsApp

Les organismes ne sont pas les seuls à endurer la rude épreuve de la marche panafricaine. Les préjugés étaient aussi de gros contingents de déstabilisation.

Habib Labé Bah, message vocal sur WhatsApp
Le collectif accueilli par les Maliens. Crédit photo: Habib Labé Bah

Le mental a donc fini par prendre le dessus. Une persévérance saluée par des centaines de panafricains sur les réseaux sociaux. Le plus marquant des soutiens fut celui de l’artiste ivoirien Tiken Jah Fakoli, au 29e jour de la marche. Ensuite, par un accueil qu’Habib Bah qualifie d’extraordinaire, c’est la chaleur du peuple malien qui a fini par enrayer les séquelles de plus de mille kilomètres de marche. Le Mali a pesé la teneur de l’œuvre historique accomplie par le collectif des marcheurs guinéens.

Habib Labé Bah, message vocal sur WhatsApp

Fédération guinéo-malienne ?

C’est mon interlocuteur qui le dit : « Nous voulons exprimer bien plus qu’un soutien figurant. Nous voulons que ça soit le même peuple, la même nation. »

Cérémonie d’accueil des marcheurs par les Maliens. Crédit photo: Habib Labé Bah

Entre les deux pays, c’est une frontière commune de 858 km. Ce sont, surtout, deux pays au même héros : le Grand Soundjata Keita. Sans oublier la forte identité linguistique qui lie une grande partie des populations de part et d’autre (Bambara et Maninka). Le seul point de discorde entre Bamako et Conakry, c’est le légendaire Sosso Bala, le balafon du roi du Sosso, Soumaoro Kanté. Le Mali revendique sa propriété alors que la Guinée le garde jalousement à Niagassola, à Siguiri (au nord-est du pays). Mais même ce point d’achoppement dénote de l’appartenance commune des deux peuples.

Le collectif des marcheurs à Bamako. Crédit photo: Habib Labé Bah

Avec cette démonstration de force citoyenne, le collectif des marcheurs Conakry-Bamako vient ainsi de renforcer le caractère sympathique des relations guinéo-maliennes. Mais le retour au pays se fera autrement : par la route mais en véhicule. Une date sera fixée et communiquée à toutes les villes concernées pour un accueil à la hauteur de la bravoure des héros.

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