La Guinée, ce pays qui refuse obstinément de tourner le dos à son sombre passé

Article : La Guinée, ce pays qui refuse obstinément de tourner le dos à son sombre passé
Crédit: Wikimédia Commons
20 juillet 2021

La Guinée, ce pays qui refuse obstinément de tourner le dos à son sombre passé

N.B. : Cet article est une retranscription d’un édito prononcé sur Espace TV, chaîne télévision de Guinée.

« Le monde est vieux mais l’avenir sort du passé » : c’est notre regretté Djibril Tamsir Niane qui l’a écrit dans Soundjata ou l’épopée mandingue. Et c’est peut-être dans cette logique que s’est inscrite l’évolution de notre pays. C’est peut-être les chaînes de notre passé enlaidi qui se rallongent ainsi sur notre présent sournois, et très probablement sur notre futur incertain. Le reflet de l’obscurantisme d’hier se propage-t-il sur l’avenir de la nation guinéenne ? De toute évidence, les normes de notre société actuelle ne laissent qu’une place exiguë aux jalons de la prospérité qui doivent enfin être posés.

La République de Guinée, à ce qu’on dit, est née dans une polémique de « OUI » ou « NON ». Polémique qui a viré à un ouragan de règlements de comptes qui. Et cet ouragan a fait germer les premières graines de la division guinéo-guinéenne. Et nous avons connu la suite macabre de cet épisode sombre de l’histoire guinéenne.

Certes, il n’y a pas de nation qui, à un moment de son histoire, n’ait jamais franchi la moindre limite du périmètre de la conduite vertueuse. Certes, aucune société ne peut nier l’existence des moments de turbulence sur son chemin d’évolution. Aucune histoire n’est d’ailleurs totalement rose. Mais les nations les plus fortes, les plus sérieuses, elles, ont juré de ne plus jamais faire de rechute. Elles ont choisi la carte de la leçon plutôt que celle de l’inspiration répétitive d’un passé teinté de faits odieux. Des pays comme le Rwanda, le Libéria, la Sierra Leone, ou l’Afrique du Sud, dont les passés ne sont pas aussi élogieux, ont quand même pu puiser dans le peu de sagesse qui leur restait, la volonté rompre avec les démons du mal étatique et citoyen. Ils ont choisi la vérité, le pardon et la justice, ne serait-ce que par reconnaissance du mal commis. Les nations qui ont un rendez-vous avec le bonheur se libèrent du poids honteux de leur passé. Elles le regrettent, le condamnent et le renient pour le bonheur de la postérité. D’autant plus que l’histoire a son côté sombre pour les actes ténébreux.

Quand on est un peuple qui a subi la Révolution de la Première République, qui a pris les coups des gouvernances militaires de la Deuxième République, et qui se retrouve dans une inopinée Troisième République de désillusion, priez et implorez la grâce divine, car vous êtes en conflit avec Dieu. Lorsque la démagogie devient une identité nationale, et que la raison et la morale sont isolées dans l’impuissance de la minorité qui les défend désespérément, comprenez que vous êtes dans un pays sur lequel s’abat la colère divine.

Oui ! Dieu est en colère contre ceux qui ne se repentent jamais. Ceux dont les péchés se dilatent aussi longtemps que durera leur existence.

Je l’avais dit et je le réitère : la Guinée est ce pays qui refuse obstinément de rompre avec son cynique passé. Socialement, la communauté et la région ont toujours été les indices de classification du Guinéen. Économiquement, on est toujours dans ce fameux scandale géologique, mais qui ne produit que misère, chômage, et extrême pauvreté. Politiquement, les pratiques comme la confiscation du pouvoir et le bâillonnement auront duré aussi longtemps que la République. Le Guinéen est un conservateur de valeurs perfides.

Mais est-ce qu’il est trop tard pour sonner la fin de cette honteuse attitude nationale ? Bien sûr que non ! Vous connaissez la chanson : Il n’est jamais trop tard ! La France, le pays de la guillotine, a pu changer. Aujourd’hui elle crie « Droits de l’homme » sur les toits du monde. L’Allemagne, le pays de l’holocauste, elle aussi s’érige, de nos jours, en gardienne de la morale. C’est donc possible que la Guinée, le pays du Camp Boiro, se rachète. Pour cela, elle doit bannir toutes les pratiques qui l’ont conduite aux épisodes les plus saumâtres de son histoire.

C’est l’Etat qui doit certes faire l’essentiel du boulot en traçant les véritables lignes de la mutation. Mais le citoyen guinéen, le peuple de Guinée, en est la sempiternelle question de ce projet béni. La prise de conscience doit donc être générale. L’angle du changement doit être radical. L’élan doit être national. S’il faut, faire participer même les ancêtres par des libations. Les pages obscures du livre « Guinée » doivent être brulées. Pour cela, l’unité nationale est l’unique alternative. Car, comme le disait Abraham Lincoln, « une nation divisée court fatalement à sa perte. »

Vivement l’éveil des consciences !

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