Guinée : quand Matoto précipite la juteuse « saison des mangues » à Conakry

C’est un moment très difficile que traversent les Guinéens en cette période de transition, gérée par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) du colonel Mamadi Doumbouya. Un peu partout dans le pays, les plaintes sont devenues récurrentes sur la cherté de la vie. En Guinée, quand on on dit cherté de la vie, on parle de la hausse vertigineuse de la famine. Les prix des denrées de première nécessité s’affolent sur le marché. Les femmes, principalement, n’arrêtent pas de pleurnicher. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est une saison sèche et très chère que vivent les Guinéens. Cette dure période rime, « heureusement », avec le timing idéal de la juteuse saison des mangues.
Heureusement que les mangues sont là…
Alors qu’il faut 8 000 francs guinéens (près de 1 dollar) pour s’offrir un kilogramme de Barabarè (riz du pays) et 6 000 francs pour la même quantité de khössâ (riz importé), les mangues se présentent comme une bonne alternative pour les populations de Conakry. Pour quatre mangues, 5 000 francs guinéens. Et une grande quantité peut bien assurer le repas journalier d’une grande famille.
Mais ce négoce de mangue n’est pas toujours facile, vu que Conakry n’est pas le centre des fruits en Guinée. Il y a bien une ville qui revendique ce titre : Kindia.

« C’est un véritable calvaire. L’état des routes est piteux. Le carburant est très cher aussi. Ce qui fait que l’acheminement des mangues est difficile. Nous les prenons au Fouta et à Kindia à des prix pas très abordables. C’est pas facile », explique une vendeuse de mangues.
Des clientes aussi se plaignent

« Comme les prix sont exorbitants pour le riz, le sucre, l’huile et autres denrées, nous nous tournons vers les mangues pour colmater la brèche. Nos maris ne travaillent pas, nos enfants sont des tout-petits. La situation est très préoccupante pour nous. Le président avait promis la baisse des prix mais on ne voit pas encore l’effectivité de cette annonce. C’est dur », soulignent d’autres professionnels de la mangue.

La semaine dernière, les autorités de la transition, à travers le Ministère du Commerce, ont rencontré la Chambre de commerce dans la perspective de la baisse éventuelle des prix au marché. Mais jusque-là, aucune suite. En attendant, les Guinéens continuent de tirer le diable par la queue.
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